Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/362

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Ses compagnes étaient allées en promenade, elle avait du temps devant elle. Ouvrant les coffres qui contenaient ses vêtements, elle en tira des robes en soie forte et les coupa par lanières. Elle tressa ensuite ensemble ces lanières et joignit les tresses par des nœuds solides. Puis elle roula la corde et la cacha sous son matelas.

— Maintenant, dit-elle, je suis sûre de pouvoir le sauver.

La journée lui parut longue, la fièvre de l’attente lui donnait un tremblement nerveux, elle claquait des dents par instant.

Les jeunes filles revinrent les joues toutes roses de froid ; elle fatiguèrent Omiti de la narration de tout ce qu’elles avaient fait et vu ; elles étaient allées jusqu’aux rives du Yodo-Gava pour voir s’il charriait des glaçons. On avait bien cru en distinguer quelques-uns, mais peut-être n’était-ce que de la neige qui flottait ; d’ailleurs, de la neige, il y en avait partout, jusque sur les poissons d’or de la haute tour de la forteresse, qui étaient devenus des poissons d’argent ; la bise était glaciale ; mais, pour se garantir du froid, les hommes avaient inventé de se mettre des oreillettes en velour brodé…

Omiti n’écoutait pas le caquetage interminable des jeunes femmes. Elle voyait avec plaisir qu’on allumait les lanternes. La nuit venait, mais la soirée serait longue encore. Elle ne put rien manger au repas du soir, et se dit malade pour se dispenser de chanter ou de jouer du biva.

Elle remonta dans sa chambre. Ses compagnes l’y rejoignirent bientôt ; la promenade les avait fatiguées, elles s’endormirent promptement.

Le bruit, les rires, les chansons des hommes qui