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Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/47

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Puis elle sortit en courant de la salle.

Fatkoura, toute frémissante, demeura debout près du gotto jeté à terre, retenant d’une main son manteau lourd d’ornements et fixant avec ardeur son regard vers l’entrée de la chambre.

Enfin, Nagato parut. Il s’avança, posant une main sur la poignée d’or d’un de ses deux sabres, et s’inclinant avec une grâce pleine de noblesse :

— Pardonne-moi, dit-il, belle Fatkoura, d’arriver ici comme un orage qui survient au ciel sans être annoncé par quelques nuages précurseurs.

— Tu es pour moi comme le soleil lorsqu’il se lève sur la mer, dit Fatkoura, et tu es toujours attendu. Tiens, ici même, j’étais occupée à pleurer à cause de toi. Vois, mes yeux sont rouges encore.

— Tes yeux sont comme l’étoile du soir et comme l’étoile du matin, dit le prince. Mais pourquoi noient-ils leurs rayons dans les larmes ? T’aurais-je causé quelque sujet de peine ?

— Tu es là, et j’ai oublié la cause de mon chagrin, dit Fatkoura en souriant ; peut-être pleurais-je parce que tu étais loin de moi.

— Que ne puis-je être toujours ici, s’écria Nagato, avec un tel accent de vérité, que la jeune femme sentit s’évanouir ses craintes, et qu’un éclair de bonheur illumina son visage.

Peut-être, cependant, s’était-elle méprise sur le sens des paroles du prince.

— Viens près de moi, dit-elle, repose-toi sur ces nattes, Tika nous servira du thé et des friandises.

Ne pourrais-je d’abord faire parvenir à la Kisaki une supplique secrète de la plus haute importance ? dit Nagato. J’ai saisi le prétexte de cette missive précieuse à apporter, pour m’éloigner d’Osaka, ajouta--