Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/68

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Son adversaire, emporté par l’élan, passa près de lui sans l’atteindre.

— Fou que je suis, murmurait le prince, d’exposer ainsi ce précieux message aux hasards de ma fortune.

Les sabres nus brillaient autour de lui ; les assaillants étaient si nombreux qu’ils ne pouvaient approcher tous à la fois de celui qu’ils attaquaient.

Nagato était le plus habile tireur de tout le royaume, il était plein de force, de sang-froid et d’audace. Faisant tournoyer sa pique il rompit quelques glaives autour de lui dont les éclats tombèrent au milieu d’une pluie de sang ; puis, par de brusques sauts qu’il fit faire à son cheval, il échappa un instant aux coups qu’on lui destinait.

— Je puis bien me défendre quelques minutes encore, pensait-il, mais je suis évidemment perdu.

Un buffle, réveillé, poussa un long et triste mugissement, puis on n’entendit plus que le cliquetis du fer et les piétinements des chevaux.

Mais, tout à coup, une voix éclata dans la nuit.

— Courage, prince ! criait-elle, nous venons à votre aide !

Nagato était couvert de sang, mais il luttait encore. Cette voix lui rendit de nouvelles forces, tandis qu’elle paralysait les assassins qui échangeaient des regards inquiets.

Un galop précipité retentit, et, avant qu’ils aient pu se reconnaître, un gros de cavaliers fondait sur les agresseurs du prince.

Nagato, épuisé, se retira un peu à l’écart et regarda avec surprise, sans bien comprendre se qui se passait, ces défenseurs arrivés si à propos.

Ces hommes étaient charmants à la lueur de la lune