Page:Gautier - La sœur du soleil.djvu/93

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— C’est mon ami, mon frère Nagato qu’il faut féliciter, dit Fidé-Yori, c’est lui qui a tout fait.

— Tout n’est pas fini, dit Nagato qui paraissait soucieux, il faut signer sur-le-champ la condamnation à mort de Hiéyas.

— Mais tu l’as entendu, ami ? il a dit qu’il savait ce qu’il avait à faire, il procède en ce moment au Hara-Kiri.

— C’est certain, dit le prince de Satsouma.

— Il connaît le code de la noblesse, dit le prince d’Aki.

— Oui, mais il méprise ses usages et ne s’y conformera pas dit Nagato. Si nous ne condamnons pas cet homme promptement il nous échappera, et une fois libre il est capable de tout oser.

Le prince de Nagato avait déployé un rouleau de papier blanc et tendait un pinceau trempe dans l’encre au siogoun.

Fidé-Yori semblait hésiter.

— Le condamner ainsi sans jugement ! disait-il.

— Le jugement est inutile, reprit Nagato devant tout le conseil, il vient de se parjurer et de te manquer de respect de plus c’est un assassin.

— C’est le grand-père de ma femme, murmura le siogoun.

— Tu répudieras ta femme, dit Nagato. Hiéyas vivant, il n’y a pas de tranquillité pour toi, pas de sécurité pour le pays.

Fidé-Yori prit soudain le pinceau, écrivit la sentence et signa.

Nagato remit l’ordre au général Sanada-Sayemon-Yoké-Moura, qui sortit aussitôt.

Il revint bientôt, le visage bouleversé par la colère.

— Trop tard s’écria-t-il, le prince de Nagato n’avait que trop raison : Hiéyas est en fuite