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le collier des jours

jardin, je risquai une pose : la jambe levée en arrière et les bras déployés.

C’était peut-être moins impérial, mais l’effet fut superbe ; les gamins s’enthousiasmèrent ; ils se mirent à pousser des cris et s’emballèrent dans une course folle.

J’étais complètement grisée et illusionnée, en route pour des pays inconnus… Malheureusement, à un tournant trop brusque, le char versa brutalement et l’impératrice, avec un élan terrible, fut projetée par terre…

Je fus d’abord abasourdie par le choc, puis j’éprouvais une atroce douleur au bras gauche.

Les garçons s’étaient précipités pour me relever. Je ne criais pas, je ne pleurais pas, — puisque c’était ma faute ; — mais ils furent très effrayés du changement de mes traits.

— J’ai très mal, dis-je seulement en soutenant de mon bras droit, mon bras gauche complètement inerte.

L’un des enfants courut chercher du secours tandis que les autres m’aidaient à marcher, vers la maison.

— Elle s’est cassé le bras !… disaient-ils.

Mon bras n’était pas cassé, mais ce qui était pire, peut-être, très dangereusement foulé. À défaut de médecin, un pharmacien voisin fut appelé, qui essaya un pansement et me fit horriblement mal. Cette fois je criais vigou-