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XXIX




D’où la coquetterie m’était-elle venue ? Elle ne s’accordait guère avec mes allures de gamine et je me souviens très peu de m’être préoccupée de ma toilette, sauf dans le cas où quelque déchirure terrible me faisait prévoir une redoutable semonce.

Cependant, un certain matin de Pâques, dans une tenue mirobolante et très infatuée de ma splendeur, je sortis de la maison, pour aller à la grand’messe. J’étais seule, les tantes n’avaient pas pu me tenir plus longtemps, et, comme elles n’étaient pas prêtes, elles me laissaient aller en avant en me recommandant de ne pas marcher trop vite.

J’avais un jupon garni de broderie anglaise, une robe de soie bleu ciel à plusieurs volants, les cheveux tournés en boucles, des bas à jours et des petits souliers couleur de hanneton.