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le collier des jours

parler à grand-père, tout en me félicitant de ma présence d’esprit.

Je fus sensible au compliment et il me donna une certaine confiance en moi-même, qui me servit, dans une autre circonstance.

Ce qui n’arrivait presque jamais, les tantes étaient sorties, toutes les deux, avec le grand-père, pour une longue course dans Paris. J’étais seule, avec Nini, dans l’appartement ; on m’avait fait promettre de ne pas sortir, même dans le jardin, et je tenais toujours mes promesses.

La porte de la rue était ouverte. Quelqu’un monta l’escalier et sonna. C’était un personnage qui se donna pour un horloger, que l’on envoyait, disait-il, chercher les pendules, afin de les réparer.

Bien qu’il fût habillé comme un monsieur et tînt poliment son chapeau à la main, j’eus tout de suite l’idée que c’était un voleur. Nullement intimidée, je le regardais fixement en me tenant bien au milieu de la porte, pour l’empêcher d’entrer.

— Avez-vous une lettre ?…

Non, il n’avait pas de lettre, on l’envoyait tout simplement, il n’y avait pas besoin de tant de façons…

— Moi, on ne m’a pas dit qu’on viendrait