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le collier des jours

cette intention, un panier, une pelle et un petit balai. Sans doute elle trouvait là une source de profits sérieux, car rien ne la détournait de ce devoir.

J’avais vite fait, moi, de lui échapper et de filer, tandis qu’elle s’absorbait dans ce grave travail ; mais, pour ne pas la faire gronder, je la rattrapais, avant d’arriver au pensionnat, et elle avait l’air de me conduire…

Grand-père était parvenu à m’apprendre un peu d’écriture ; avec la lecture, cela suffisait pour mes six ans et on ne cherchait guère à me pousser plus loin. Ce n’était donc pas pour me livrer à de studieuses études, que je devenais une des externes, du pensionnat Lavenue. Je ne faisais que traverser la classe. Après une page d’écriture, une fable récitée et un peu de lecture, on me laissait libre, dans la grande cour, où une fontaine, devant laquelle une grande auge de pierre s’emplissait d’eau, m’intéressait beaucoup, et dans le jardin profond, où, toute seule, je m’enfonçais lentement, pour avoir un peu peur.

Les voix ânonnantes des élèves, dont je distinguais, de la cour, toutes les paroles, s’atténuaient, puis n’étaient plus qu’un bourdonnement, à mesure que je m’éloignais sous les vieux arbres, dans la pénombre des massifs.

Dès que je ne voyais plus la maison et que