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le collier des jours

moment où la vision va unir, la Péri se laisse tomber du haut d’un nuage, dans les bras de son amant ; cet élan si périlleux forme un groupe plein de grâce et de charme… »

Mais la Péri, qui courait le monde, n’était pas au baptême de sa filleule. En sa qualité de fée, elle y assistait, sans doute, invisible…

La cérémonie eut lieu dans l’église Bonne-Nouvelle, que la Commune a brûlée, avec les registres où était consigné ce fait mémorable. Dans la nef vide, nous formions un groupe brillant, devant le maître-autel. Comme nous étions très petites, ma sœur et moi, on nous avait mises debout sur des chaises, en nous recommandant de répondre « oui » à tout ce que demanderait le prêtre. Je crus devoir ajouter une réflexion sur la qualité du sel, que l’on me mit sur la langue, et dont je voulais bien encore un peu.

Ni le grand-père ni les tantes n’assistaient à cette petite fête : l’une d’elles vint me chercher, le lendemain, et je m’en retournai à Montrouge, en emportant ma belle robe blanche, et en croquant, moi-même, les dragées de mon baptême.