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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/143

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le collier des jours

— Voici la jeune personne, dit-elle, quand elle put se faire entendre, je la remets entre vos mains, et je m’en retourne.

— Pas sans moi ! criai-je en courant vers elle.

— Ma pauvre enfant, je ne suis pas ta mère, je n’ai aucune autorité sur toi ; on a décidé que tu devais rester ici, je n’y peux rien.

Elle m’embrassa, avec une évidente envie de pleurer, et s’en alla vite, tandis que Carlotta m’enlevait dans ses bras, en me disant :

— Chacun son tour, je suis ta tante aussi, et tu penses bien que nous ne voulons pas ta mort.

D’un pas léger, elle m’emporta par le corridor, où tout le monde la suivit, jusqu’à la tourelle en chêne, qui pivota et apparut comme une niche creuse. C’était le tour, qui seul donnait accès dans l’intérieur du couvent. Ma tante s’y plaça avec moi, en riant de la manœuvre, pour essayer de me faire rire aussi. La marquise passa après nous, emplissant toute la niche de sa corpulence et de ses falbalas ; puis vint la grand’mère, grognant et ricanant de ce drôle de système.

La sœur tourière, voilée de noir, nous reçut dans une sorte de vaste loge, très claire et très luisante, et aussitôt arriva à grands pas, qui faisaient cliqueter ses chapelets, la religieuse entrevue derrière la grille du parloir. Elle se