Aller au contenu

Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
le collier des jours

puisque personne ne me voyait ; mais je ne voulais pas. S’il m’arrivait de pleurer trop fort, on m’entendrait et on me découvrirait.

Des sœurs revinrent, plus nombreuses, très effarées, cette fois. Il y en avait en voile blanc, qui couraient partout, puis elles s’en allèrent encore, et le temps passa. J’entendis de nouveau la cloche ; et bientôt un grand silence s’établit.

Il faisait complètement noir et une pluie fine se mit à tomber, qui mouillait tout doucement, sans faire de bruit, les feuilles m’abritaient un peu, mais elles s’égouttaient dans mon cou, et j’étais tout engourdie d’immobilité.

Je tenais bon, cependant, et j’étais si désolée, que je ne pensais pas à avoir peur, malgré les froissements de vent dans les branches, les grondements sourds de la ville, et l’obscurité dans cet inconnu.

Tout à coup, un animal lancé au galop, jurant et criant, passa à côté de moi, presque sur moi : des chats, sans doute, qui se poursuivaient mais je crus que c’était le loup, le loup, que j’avais oublié !… en quelques bonds, j’eus dégringolé le treillage, toute tremblante de peur.

Des lanternes apparurent au bout de l’allée. C’étaient deux religieuses qui revenaient encore, abritées sous des parapluies.