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le collier des jours

formait toiture serait-elle capable de me porter, n’allait-elle pas s’effondrer sous moi ?… Je cherchai un endroit bien fourni de branches et de feuilles, et je m’y glissai avec précaution. Il y eut quelques craquements, mais rien ne cassa. Alors, étendue à plat ventre, complètement enfouie, je ne bougeais plus.

J’entendis bientôt la porte se rouvrir et les sandales claquer. On me chercha d’abord tranquillement, puis on commença à m’appeler.

— Voyons, mon enfant, ne vous cachez pas, c’est inutile, nous vous voyons très bien !

— Les menteuses, me disais-je, elles ne me voient pas du tout, c’est moi qui les vois.

Après plusieurs tours inutiles, elles s’imaginèrent sans doute que je m’étais peut-être glissée, sans être vue, derrière elles, quand elles étaient sorties, car elles abandonnèrent le jardin.

Le ciel était couvert, la nuit venait rapidement. Une cloche se mit à sonner très fort et longtemps. Puis j’entendis, du côté de la cour, un piétinement et un bourdonnement de voix inexplicables, alors, pour moi ; c’étaient les élèves qui traversaient la cour pour aller au réfectoire.

Ce lieu inconnu devenait de plus en plus triste, dans cet assombrissement ; j’avais le cœur gros et j’aurais bien pu pleurer,