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le collier des jours

loir. Qui donc ?… Peut-être venait-on pour m’emmener !...

Je repassai le tour ; on me guida par le couloir, et on me fit entrer dans une cellule plus petite encore que celle de la veille. Mais dès le seuil, je poussai un cri de joie : c’était ma nourrice ! C’était la Chérie, avec son auréole tuyautée, son petit châle vert à palmes !

Après tant de lourdes heures, au milieu d’inconnues, c’était bon de la voir, elle. J’étais dans ses bras, assise sur ses genoux, roulant ma tête sur son épaule.

— Tu viens me chercher, toi ; tu ne veux pas que je reste dans cette prison.

Hélas ! non, elle ne venait pas me chercher, mais seulement me consoler un peu. Elle était plus près de moi, maintenant, et viendrait me voir souvent. Il fallait bien se résigner à obéir aux parents, puisqu’ils étaient nos maîtres…

— Pourquoi faire des parents ?… Je n’en veux pas… et d’abord, je vais me sauver.

À voix très basse, car j’avais l’impression que dans cette maison pleine de grilles et de rideaux noirs, il devait y avoir des oreilles partout, je lui exposai mon plan de fuite, et avec beaucoup de détails, elle dut m’expliquer la route à suivre pour aller chez elle, car, bien entendu, c’était elle qui me cacherait ; mais ne sachant même pas où j’étais, je ne comprenais