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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/152

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le collier des jours

Je me dirigeai, sans avoir l’air d’y penser, vers le jardin des religieuses. La porte était fermée à clé et, à travers la grille, je vis des sœurs qui se promenaient en lisant des prières.

Ce n’était pas le moment d’essayer de se sauver.

Des fillettes me suivaient, m’examinant avec des mines curieuses. Quelques-unes m’invitèrent à des jeux, mais je faisais : « non » de la tête sans répondre. J’étudiais la disposition du lieu, cherchant l’issue, avec l’acharnement des bêtes captives. Un des coins de la cour s’ouvrait sur une sorte de préau, planté de quelques grands arbres et qui appartenait aussi aux élèves. Les grandes s’y promenaient posément, par groupes de trois, en causant à demi-voix ; le terrain, battu par des piétinements, était complètement nu ; quelques brins d’herbes, se montraient seulement aux pieds des arbres, et des orties assez épaisses bordaient la muraille noire, plus haute que partout ailleurs, et qu’aucun treillage ni espalier ne rendaient accessible aux escalades. D’un côté s’étendait la chapelle, que faisaient reconnaître trois fenêtres en ogives, fermées de vitraux. Rien à espérer de cette impasse : mieux valait fureter encore, peut-être, du côté de la rue.

Je revins dans la cour. La sœur tourière me cherchait partout : on me demandait au par-