Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/161

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XXXVI




On me demandait au parloir.

Cette fois c’était mon père et ma mère.

Je me tins devant eux, muette et gauche sans effusion, sans plaisir ; essayant, par orgueil, de cacher ma rancune.

Mon père était en noir et, pour la première fois, je remarquai le ruban, qui mettait comme une fleur rouge à sa boutonnière. Il restait debout, le monocle à l’œil ; l’air mal à l’aise et mécontent.

— Quel costume !… de qui porte-t-elle le deuil ?… s’écria-t-il en me voyant.

— C’est l’uniforme, dit ma mère d’une voix boudeuse.

— On est parvenu à la rendre laide.

— Les enfants n’ont pas besoin d’être jolis.

— Tel n’est pas mon avis…

Et mon père se baissa, sur les talons, pour m’embrasser.