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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/173

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le collier des jours

Le premier étonnement passé, malgré les : « Chut, chut » et les coups de règle de la mère Saint-Raphaël, les élèves étouffèrent mal leurs rires et leurs chuchotements moqueurs. Ces petites filles, alors, me parurent si ridiculement sottes que je les pris définitivement en grippe.

Je sortis de mon banc, ce qui n’était pas permis, et passant derrière la chaise de la religieuse, j’allai, dans un élan spontané, embrasser la nouvelle venue.

— De quel pays es-tu, pour être si belle ?

— Je suis Valaque, me répondit-elle.

— Comment t’appelles-tu ?

— Catherine.

— Eh bien ! Catherine, je serai ton amie, et tu n’as pas besoin d’avoir peur de ces petites cruches-là.

Le lendemain toutes ces splendeurs avaient disparu, Catherine avait pris le deuil ; le ruban de laine verte de la division remplaçait les palmettes d’or et les gazes lamées ; mais elles existaient toujours pour moi, je savais tout cela enfermé dans un coffre et la jeune Valaque restait à mes yeux une personne mystérieuse et attrayante.

Elle était douce et craintive, avec un visage un peu large, des yeux bruns et le teint légèrement brouillé de taches de rousseur. En somme, dépouillée de son costume original, elle n’avait