Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/186

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
179
le collier des jours

la roue assez exactement. Mais j’y étais si appliquée que j’oubliais toute prudence.

Un jour, hélas ! la sœur Saint-Claire, sortant de sa classe, me surprit au moment du plus bel effet !…

Quel spectacle ! Elle en fut comme suffoquée ; elle jugea même la faute si grave, qu’elle ne se trouva pas le droit de décréter, seule, la punition, et réunit un conseil.

La sœur Sainte-Claire était toute petite, avec de jolis yeux inquiets, dans une figure ronde, aux joues rouges comme des pommes ; elle n’était pas méchante, mais toujours scandalisée, et elle dirigeait la seconde classe, très nombreuse, en des effarements sans fin. Je tombais mal, en ayant été surprise par cette timorée.

Il n’y eut pas moyen de racheter le châtiment. Je fus condamnée à être à genoux devant la communauté, supplice — équivalant au pilori — destiné à abaisser l’orgueil, et à inspirer au coupable, ainsi humilié, un profond repentir de sa faute ; mais qui produisait sur la pécheresse endurcie que j’étais, bien peu d’effet.

C’était au réfectoire, que l’on subissait la peine. Toutes les religieuses, revenant de la chapelle, défilaient, l’une derrière l’autre, en récitant à demi-voix des litanies. Elles étaient