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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/254

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LIX




Notre éducation, il faut l’avouer, était plutôt négligée ; on n’avait pas le temps de s’en occuper on l’oubliait ; et cela ne nous gênait guère. Ma sœur et moi, nous savions très bien remplir les heures et la journée agréablement, à ne rien faire, quand Marianne ne nous emmenait pas jouer devant le théâtre du Gymnase, avec des camarades de rencontre.

Et puis, il y avait les livres.

Mon père disait souvent, que la chose qui le surprenait le plus, c’est qu’un enfant pût apprendre à lire. La lecture conquise, il lui semblait que le reste n’était rien ; il n’y avait plus qu’à lire. Mais, pour cela, il fallait des livres ; aussi trouvait-il absurdes ces défenses et ces restrictions qui verrouillent les bibliothèques, sous prétexte qu’il y a des livres dangereux. Lesquels ? Il jugeait bien audacieux de décider de cela. À son avis, pour éviter le danger, il fal-