LXIII
Une très belle demoiselle, juive, dont mon père avait vanté le portrait, exposé au dernier Salon, vint le voir, pour le remercier, et lui montrer, peut-être, que l’original valait mieux encore que la peinture. Elle était accompagnée par sa mère, qui ressemblait à une gitane et avait un terrible accent marseillais. Mon père reçut aimablement la fille et la mère et promit de dire quelques mots, dans son feuilleton, d’un concert où Virginie Huet devait exécuter des variations brillantes sur : Au clair de la Lune, car la visiteuse ne se contentait pas d’être belle, elle était pianiste.
Mon père tint sa promesse, et Virginie revint dire sa reconnaissance. Cette fois, elle sollicita la faveur de nous donner, à ma sœur et à moi, des leçons de piano.
Je croyais en avoir fini avec la musique, et voilà que m’apparaissait le spectre de la sœur Fulgence, armée de joyeuses verges.