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le collier des jours

terrasse, qu’elle a trouvée assez bouleversée. Mon père va lui-même procéder à l’exhumation, et a bientôt découvert la boîte, qu’il rapporte dans la chambre. Elle est fermée par des bandes de papier collées, couvert de gribouillages, qui imitent un peu les hiéroglyphes.

— Si tous les rites de l’ensevelissement sont observés, dit-il, je te prends sous ma protection ; tu ne seras pas grondée.

Il ouvre la boîte et met son monocle.

Ma poupée apparaît, alors, soigneusement enveloppée de bandelettes, la figure étroitement moulée par un masque, en papier d’or, pris à un bâton de sucre de pomme, entourée de toutes sortes de petits objets, dont mon père reconnaît très bien l’intention ; aucun détail n’est omis, j’ai même volé quelques épis à un chapeau, pour les placer à côté de la morte.

On m’a permis de lire Le Roman de la Momie, pour me récompenser d’y avoir « collaboré », et j’ai lu plus attentivement qu’on ne le croyait. Mon père est très flatté et très content. Il me demande de lui donner cette petite momie, maintenant que, comme pour la grande, on a découvert son tombeau, et il va l’installer sur la cheminée de sa chambre.