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le collier des jours

gamins ; puis nous roulions posément sur le trottoir du boulevard. Pauline, qui devait avoir cinq ou six ans, était du voyage. Marie venait aussi, quelquefois, quand elle en avait le loisir, alors mon plaisir était complet, car, après la chérie, c’était elle que j’aimais le plus.

Aussitôt arrivées, on dételait la chèvre, je descendais de mon char. Ma nourrice et Marie s’installaient près de la voiture et se mettaient à coudre, tandis que je jouais avec Pauline, et que la chèvre tout à fait libre vagabondait.

Ce terrain nu, qui me donnait pour la première fois l’impression de l’espace, et que je trouvais admirable, était bosselé de pierrailles blanches avec de grands morceaux d’herbes, qui, pour moi, représentaient les champs.

C’était une ivresse de sauter, de danser sur cette verdure, de tomber sans se faire de mal dans la molle fraîcheur. On ne me laissait pas trop m’éloigner ; il y avait d’ailleurs à l’autre bout du terrain quelque chose d’incompréhensible, qui me causait une confuse terreur et m’ôtait l’envie de m’écarter. C’était un éboulis de grosses pierres autour d’un grand trou, qui s’enfonçait ; des hommes allaient et venaient et l’on entendait des bruits étouffés sous terre. Je n’aimais pas du tout m’approcher de ce gouffre. En y repensant, je comprends que c’était tout simplement une carrière, mais alors