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XVIII




Il fallut bien se calmer un peu, vers la fin de l’automne, quand il faisait noir de si bonne heure, et rester, bon gré mal gré, à la maison.

Grand-père guettait ce moment, et, brusquement, il démasqua ses batteries : il s’agissait d’apprendre à lire !…

Avec lui, cela menaçait d’être terrible. Et pourtant, par une contradiction imprévue, cela alla presque tout seul. J’avais beaucoup de mémoire, une curiosité très vive. Pourvu que la leçon ne fût pas trop longue, et qu’on me laissât étudier, ensuite, à mon idée, en dansant à travers les chambres, j’étais très contente d’apprendre. Cette méthode n’était pas du tout dans les principes du grand-père ; mais quand il allait gronder, je lui prouvais que je savais très bien ma leçon. Il bougonnait bien un peu puis finissait par se rendre :

— La mâtine, disait-il, elle apprend en jouant