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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/69

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le collier des jours

En attendant, je contemplais le mystérieux tableau, immobile et muet pour le moment. Il y avait un moulin, une cascade, un pont, un meunier derrière un âne. Le tout encadré, recouvert d’une vitre et assez loin de la muraille, à cause de l’épaisseur de la boîte.

Enfin, M. le curé paraissait dans sa soutane noire, il ôtait son chapeau, et prenait un air solennel.

— Mesdemoiselles Gautier, disait-il aux tantes, cette jeune personne a-t-elle été sage

— Hou ! hou ! disait tante Lili.

— Pour elle, ça n’était pas trop mal, affirmait tante Zoé.

Alors, il faut l’encourager à faire mieux.

Il décrochait d’un clou une grosse clé carrée, montait sur un tabouret et tournait longtemps derrière le cadre.

Bientôt, tout s’animait ; l’homme tapait sur son âne, qui remuait les jambes et secouait les oreilles ; le moulin se mettait à tourner ; la cascade à couler ; tandis qu’une petite musique grêle, s’égrenait rapidement. Les yeux écarquillés, je retenais ma respiration, pour ne rien perdre de ce spectacle extraordinaire.

C’était fini quand le meunier, ayant passé le pont, disparaissait, avec son âne, sous la voûte du moulin.

Il fallait vite s’en aller, à cause de grand-