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Page:Gautier - Le Collier des jours.djvu/68

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le collier des jours

m’attirait. La grande bonté, qui rayonnait de lui, m’impressionnait, sans aucun doute, car j’avais plus d’effusion affectueuse pour lui que pour tout autre. Il m’inspirait aussi une certaine admiration : cette robe de dentelle, cette étole brodée d’or, ces gestes bizarres, accomplis à l’autel, dans le silence de la foule recueillie, ou pendant la musique de l’orgue, m’émerveillaient assez ; mais par-dessus tout, ce qui me séduisait irrésistiblement, c’était l’horloge mécanique…

Au presbytère, le bon curé la gardait, accrochée au mur de sa salle à manger, et quelquefois j’allais la voir fonctionner, après la messe. C’était cette perspective qui me faisait endurer cette longue pénitence de l’église, sans bouger et sans rien dire. Le sermon était le plus dur à supporter ; aussi, espérant l’abréger, je me plaçais toujours au pied de la chaire et quand le prédicateur s’approchait pour y monter, je le tirais par sa robe blanche, et lui disais, tout bas :

— Dépêche-toi, parce que j’irai voir ton horloge !

— Chut ! chut ! faisait-il un doigt sur les lèvres, en essayant de prendre un air sévère.

J’arrivais la première au presbytère et j’avertissais la vieille bonne que la représentation aurait lieu.