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le collier des jours

— D’ici je le sais très bien et, c’est drôle, si je descendais, je suis sûre que je l’aurais tout de suite oublié.

Et je me dépêchais de réciter :


Pas une feuille qui bouge
Pas un seul oiseau chantant,
Au bord de l’horizon rouge
Un éclair intermittent.


— Je trouve que les feuilles bougent beaucoup et qu’il y a un gros oiseau qui chante, disait tante Zoé…

Quand il y avait des visites, on apportait des chaises et des rafraîchissements, et on restait là, sous l’ombre du catalpa.

Ceux qui venaient n’étaient pas très nombreux ; les plus fréquents étaient le commandant Gruau, avec sa femme, presque des voisins ; ils habitaient au Petit-Montrouge, à vingt minutes à peu près de chez nous. Avec eux, venait souvent une dame, qui, elle, était de Paris. Je ne l’ai jamais connue que sous le nom de la Tatitata. Les tantes l’aimaient beaucoup et elle m’était, à moi, très sympathique. Jolie, très brune, la bouche ombrée d’un peu de duvet, la voix grave, mais très douce, je ne pouvais pas m’imaginer autrement une Espagnole.