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XXIV




Comme à tous les enfants, on me racontait des histoires et je commençais à prendre plaisir à en lire moi-même.

Celle dont je gardais la plus forte impression, était le Chaperon-Rouge, à cause du loup. On n’avait pas manqué de me faire remarquer, qu’une aventure, pareille à celle que rapportait le conte, pouvait très bien arriver à une petite fille comme moi, qui ne voulait écouter personne et rôdait toujours par les champs et les chemins. Cela me donnait à réfléchir. Je ne croyais pas beaucoup aux fées, en tout cas, je ne les redoutais guère et je me sentais de force à tenir tête même à la fée Carabosse, s’il m’arrivait de la rencontrer. Mais le loup !… Je n’avais aucun doute sur son existence ; non pas le loup déguisé en grand’mère avec un bonnet de nuit et des lunettes, mais un vrai loup, qui me paraissait devoir habiter, très évidemment, dans