Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/136

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voûte, car on croit qu’elle n’a pas d’issue. La porte de la prison où elle conduisait a été murée il y a longtemps sur un homme condamné à mourir de faim.

Ko-Li-Tsin s’appuyait aux murailles et faisait des efforts surhumains pour ne pas défaillir. Ils étaient dans une obscurité profonde, parce que Yu-Tchin avait refermé la porte de la Salle de la Sincérité ; elle avait même prudemment poussé un verrou.

— Mais comment sortirons-nous, s’il n’y a pas d’issue ? demanda Ko-Li-Tsin à voix basse.

— Il y a une ouverture carrée qui donne sur un des lacs du palais, dit-elle ; c’est par là que je suis entrée. Un petit bateau attend sous cette fenêtre.

— Comment ferai-je pour me cramponner aux murailles, avec les nerfs douloureux de mes mains mutilées ?

— La fenêtre est basse, tu n’auras qu’à te laisser glisser. Je passerai d’abord, et puis je te soutiendrai ; car je veux te sauver. Quand nous serons hors d’ici je te soignerai, et quand tu seras guéri nous nous marierons, et nous serons heureux loin des palais.

— Oui, oui, bonne créature.

Ils arrivèrent devant la fenêtre. C’était en effet une ouverture carrée, percée très bas dans la muraille. Elle apparaissait clairement dans l’obscurité.

— Laisse-moi passer la première, dit Yu-Tchin. Je te tendrai les bras afin que tu tombes doucement dans le bateau.