Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/147

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— Que faut-il faire, maître ?

— Montez sur la seconde terrasse, répondit Ko-Li-Tsin, car il est impossible de défendre la première. L’escalier d’albâtre est si large que nous tous, sur une même ligne, n’en fermerions pas l’entrée. Celui qui mène à la plate-forme que nous allons occuper est intérieur et étroit ; nous en fermerons la porte et nous pourrons résister pendant quelques instants.

Ko-Li-Tsin et les bonzes envahirent la deuxième plate-forme.

Les soldats avaient franchi le fossé ; mais ils s’embarrassèrent dans les cordes tendues entre les cèdres, et l’on entendait monter de toutes parts leur cri rauque et bestial.

— Démolissez les balustrades, dit Ko-Li-Tsin, et entassez leurs débris de distance en distance.

Les bonzes levèrent leurs haches et frappèrent les délicates sculptures. Une blanche poussière de marbre neigea autour d’eux.

Les assaillants s’étaient dégagés à coups de sabre des liens de soie qui avaient entravé leur marche ; ils s’avançaient avec précaution, craignant quelque nouvelle embûche.

Un bonze, plus âgé que les autres, s’approcha de Ko-Li-Tsin.

— Maître, dit-il, je vais sans doute mourir ici ; il faut que je t’apprenne où se cache le précieux trésor de la pagode. Les richesses qu’il enferme appartiennent maintenant à Ta-Kiang. Pendant son absence, tu peux les employer à le servir.