Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/179

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— Ah ! dit Ko-Li-Tsin, combien te faudrait-il pour ne pas me mettre ici ?

— Pour un liang d’or je te donnerai une chambre propre ; pour deux liangs, je te logerai au sommet de la grande tour, où l’air est pur et d’où l’on peut voir la ville tout à son aise.

— Conduis-moi au sommet de la tour, dit Ko-LiTsin en lui donnant deux liangs d’or et soutiens-moi, car je ne peux pas marcher.

Quand ils eurent gravi les dix étages de la tour, le geôlier fit entrer Ko-Li-Tsin dans une petite cellule et prépara des chaînes.

— Ne m’attache pas ; mes mains sont toutes meurtries et mes reins saignent.

— Donne un autre liang d’or, dit le rapace gardien.

— Prends-le dans ma ceinture.

— Du reste, tu ne t’envoleras pas d’ici, ajouta le geôlier en se retirant et en fermant à triple tour une porte solide.

Ko-Li-Tsin se traîna vers un grabat, s’y laissa tomber, exténué, et s’endormit soudain d’un sommeil lourd et douloureux.

Lorsqu’il rouvrit les yeux le soleil emplissait sa prison. Il promena autour de lui son regard appesanti. Il était dans une étroite chambre ronde, située sur la dernière plate-forme de la tour. Il n’y avait d’autres meubles que le lit et une petite table cagneuse. Mais en face du grabat s’ouvrait une terrasse demi-circulaire, et la porte qui y conduisait n’était pas verrouillée.