Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/184

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dats de l’empereur ne venaient pas le prendre pour le tuer.

— Pourquoi ne m’a-t-on pas encore étranglé ? demanda-t-il un jour au geôlier.

— Paye, tu le sauras.

Ko-Li-Tsin lui donna un demi-liang.

— Eh bien ! dit le gardien, c’est parce que l’empereur ne signe les sentences de mort qu’à la fin de l’année, et nous ne sommes qu’au huitième mois.

— Encore quatre mois à rester ici ! répéta dès lors bien souvent Ko-Li-Tsin, penché hors de la balustrade et mesurant des yeux la hauteur de la tour.

Mais un jour il eut une grande joie ; il vit un oiseau blanc s’élever rapidement vers la terrasse : c’était la cigogne qui revenait. Retrouvant pour un instant toutes ses gaietés, il se mit à battre des mains, et lorsqu’elle fut posée sur le rebord de porcelaine il baisa tendrement le bec effilé de son amie.

— Tu n’es donc pas morte ! lui disait-il. On te tenait prisonnière ? Tu t’es échappée pour revenir ? Si tu savais combien j’ai été triste de ton absence et comme je suis heureux de te revoir ! Mais tu as été blessée ; es-tu bien guérie au moins ?

Ko-Li-Tsin regardait la cigogne, en lui caressant les plumes. Il s’aperçut qu’elle avait au cou un petit rouleau de papier retenu par un cordon de soie.

— D’où vient ceci ? s’écria le poète, détachant le cordon et déployant le rouleau avec un battement de cœur.

C’était une lettre d’une écriture grosse, maladroite