Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/207

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Mais, pour me sauver, mon frère m’a été envoyé dans un rayon de lune par les Pou-Sahs compatissants ;

Et maintenant j’entendrai les vers de mon frère caresser doucement mon oreille, parfumée encore du souffle d’une belle fille !


— Bien ! bien ! s’écria le seigneur Lou avec enthousiasme. Comment aurais-je pu me douter qu’il y eût un homme pareil dans la Patrie du Milieu ?

Et, faisant des gestes nombreux, il renversa sa tasse devant lui.

— Ah ! ah ! reprit-il.


J’ai rempli ma tasse d’un vin bien fabriqué ; mais, quand j’ai voulu boire, la tasse était vide, parce que l’étoffe de ma manche l’avait jetée à terre.

Quand il pleut, c’est que le vent renverse les tasses pleines des Sages immortels qui s’enivrent dans les nuages, au-dessus des montagnes ;

Mais la rosée des champs et l’humidité des fleurs, aspirées par le soleil, remplissent de nouveau les tasses des Génies ;

Et il reste assez de vin dans le Bateau des Fleurs de la Mer du Nord pour que je puisse boire encore en composant des vers à la louange de la lune et du poète Chen-Ton !


— Oh ! dit Ko-Li-Tsin ravi, quel ami glorieux j’ai rencontré ! Jamais aucun homme, depuis la mort de l’illustre Li-Tai-Pé et celle de Sou-Tong-Po,