Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/211

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Les auditeurs éclatèrent de rire. Le seigneur Lou convint que cette histoire était tout à fait vraisemblable et digne de Kang-Shi, duquel on connaissait mille ruses analogues. Puis d’autres propos circulèrent.

— Sait-on, demanda quelqu’un, ce qu’est devenu le poète Ko-Li-Tsin, celui qui avait attenté audacieusement aux jours sacrés du Ciel ?

— Il est dans la prison, dit le pa-tsong ; on le réserve à un terrible supplice.

— Oh ! oh ! fit Ko-Li-Tsin.

— On raconte qu’il a subi la torture avec un courage admirable.

— Il est vrai, dit le seigneur Lou ; Kang-Shi serait heureux d’avoir de pareils serviteurs.

Ko-Li-Tsin fut sur le point de saluer celui qui parlait ainsi ; mais il se retint, heureusement. Il jugea même convenable de donner une direction nouvelle à la conversation.

— Ne faisons-nous plus de vers ? dit-il au seigneur Lou.

— J’allais te le demander, dit celui-ci. Choisis toi-même un sujet favorable.

— Te plairait-il de parler des Rêves en vers de sept caractères ?

— Cela me plairait, dit Lou en prenant un pinceau.

Les deux nouveaux amis se recueillirent un instant. L’œil de Ko-Li-Tsin pétillait de plaisir. Ils écrivirent sans s’interrompre et terminèrent en même temps.