Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/214

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Pendant que le seigneur Lou songeait, le poète s’était silencieusement levé ; il avait descendu l’escalier de la terrasse, enfilé le couloir fleuri, traversé, en sautant de barque en barque, l’étroite rue liquide ; et maintenant il courait démesurément vite vers la maison de Yu-Tchin, située à peu de distance.

— C’était lui ! disait-il en haletant ; il allait me reconnaître ; j’étais perdu. Je ne croyais pas, en tombant dans ce lac, tomber dans un danger si grand. J’aurais dû le tuer ! Non, il venait de me sauver la vie. D’ailleurs je n’en aurais pas eu le courage après avoir ri et chanté avec lui.

Il atteignit la maison de son amie et frappa à coups redoublés. Yu-Tchin vint lui ouvrir, et, pleurant de joie, se jeta dans ses bras.

— Te voilà ! cria-t-elle ; je te croyais mort, et j’étais prête à mourir de chagrin. J’avais tout préparé pour notre mariage. Vois, je suis toute parée, les invités sont encore là ; viens vite.

— Il s’agit bien de se marier ! dit Ko-Li-Tsin rapidement. Bonne Yu-Tchin, prends une hache, une corde, une lanterne, et suis-moi.