Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/218

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chose de son ancienne majesté, et formait des monceaux somptueux et brillants.

Ko-Li-Tsin s’avança vers l’édifice tombé.

— Prenons courage ! dit-il à Yu-Tchin ; tâchons d’écarter ces pierres pesantes et de soulever ces toitures affaissées, comme si nous étions une armée entière.

— Viens par ici, dit Yu-Tchin, qui frissonnait un peu dans le froid du matin. Il ne faut pas songer à soulever les pierres, mais à profiter des maladresses du hasard qui a dû laisser quelque porche debout.

— Le crois-tu ? Koan-Ti a pris à tâche de tout détruire. On dirait même que Lei-Kong lui est venu en aide, et que le tonnerre est tombé sur la pagode.

— N’importe ! dit Yu-Tchin, nous entrerons.

Posant à terre sa lanterne à côté de sa pioche, elle enroula la corde autour de sa taille, et se glissa par une étroite brèche en se faisant aussi mince qu’elle pouvait. Ses doigts s’égratignaient aux parois ébréchées des murailles. Elle disparut ; mais Ko-Li-Tsin l’entendit battre des mains joyeusement.

— Le premier pas est fait, dit-elle, donne-moi la lanterne et la pioche. Bien ! Maintenant, prends le chemin que j’ai frayé.

— À voir l’entrée, fit le poète en s’insinuant à son tour dans la ruine, on ne pourrait pas croire qu’elle fût assez large pour le corps d’une fouine.

— Où sommes-nous ? dit Yu-Tchin, qui regardait autour d’elle.

La lumière, pénétrant par d’étroites brèches, tombait en rayons blafards sur le sol jonché d’éclats