Et, rougissante, elle continua son travail et sa chanson.
Ta-Kiang apparut bientôt. Écrasant les bambous sous la fermeté de ses pas, il s’approcha de la jeune fille qui tournait vers lui un visage plein de sourires.
— Voici Ta-Kiang, dit-elle, qui a laissé sa bêche pour venir un instant rire avec Yo-Men-Li, sa fiancée, près du petit lac des bambous.
— J’ai, en effet, laissé ma bêche, répondit Ta-Kiang, mais c’est pour ne plus la reprendre ; je suis venu voir ma fiancée, mais c’est afin de lui dire que je vais partir pour toujours.
— Partir ! répéta Yo-Men-Li avec surprise et comme prononçant une parole dont le sens lui aurait été inconnu.
— Oui, affirma Ta-Kiang.
— Pourquoi essayes-tu de me faire peur ? dit-elle avec un sourire indécis. Il ne se peut pas que tu penses sérieusement à quitter ta fiancée.
— Ma fiancée prendra un autre laboureur pour époux, et son cœur m’oubliera quand ses yeux auront cessé de me voir.
— C’est donc vrai ! cria-t-elle ; et des larmes soudaines obscurcirent ses yeux. Tu t’en vas, tu me laisses, et méchant, tu me conseilles de choisir un autre fiancé ! Ah ! crois-tu que jamais je puisse…
Yo-Men-Li s’interrompit brusquement ; son visage prit une expression d’épouvante admirative, et ses larmes, en un instant, se séchèrent ; car elle venait d’apercevoir dans le lac clair le reflet net d’un dra-