Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/239

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des rebelles, tandis qu’une frange de fumée voile le faîte des remparts.

— Allons ! s’écrie Gou-So-Gol, je ne veux pas que le combat soit long, car le frère Aîné du Ciel m’a dit : « Reviens promptement ! » Qu’on apporte des poutres en bois de cèdre et qu’on lance sur les murailles des bombes fétides.

— Que veut faire le glorieux chef ? se disent les soldats en exécutant ses ordres.

Les bombes sont lancées et éclatent au faîte des murailles, répandant une épaisse fumée sulfureuse, infecte et aveuglante. Gou-So-Gol dit :

— Pendant que les ennemis ne peuvent voir nos actions, mettez debout une poutre et tenez-la solidement.

Agile comme un chat sauvage, Gou-So-Gol l’enlace des pieds et des mains, disant à ses soldats :

— Lorsque je serai en haut du cèdre, vous l’inclinerez lentement et l’appuierez au sommet du rempart.

Les assaillants, remplis d’admiration, poussent de grands cris et glorifient le nom de leur chef. Celui-ci s’élève ; mais ses armes l’alourdissent et l’embarrassent ; il jette sa pique, ses flèches et son arc, et ne garde que les deux sabres croisés derrière son dos. Bientôt il atteint l’extrémité du mât, qui s’abaisse vers la ville et s’emboîte entre deux créneaux. La fumée a voilé toute cette manœuvre aux assiégés. Gou-So-Gol avec précaution dégage ses jambes et cherche le sol : il se trouve qu’il chevauche un dragon.