Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Bon ! dit-il.

Et tandis qu’autour de lui les soldats tartares gémissent, toussent et se frottent les yeux, il retourne le canon, et, tranquille, attend que la fumée se dissipe.

De tous côtés, autour de la ville, les chefs principaux de l’armée rebelle ont imité Gou-So-Gol ; des poutres se sont élevées, puis abaissées vers le rempart, y déposant chacun un Tsian-Kiun ; et maintenant les soldats, tenant des poutres embrassées, montent l’un derrière l’autre. Lorsque l’étouffante fumée s’élève enfin et plane au-dessus de la ville, les Tartares épouvantés se voient assaillis de toutes parts. Gou-So-Gol met le feu au canon qu’il a conquis et protège l’escalade de ceux qui le suivent. Quelques assiégés se jettent à genoux et offrent de se rendre ; mais Gou-So-Gol dit :

— L’empereur aimé du Ciel a parlé ainsi : « De quoi s’avisent les Tartares de vouloir nous donner ce que nous tenons dans nos mains ? »

Les vaincus essayent de résister.

Gou-So-Gol, suivi d’un petit nombre de Chinois, tire ses deux sabres, et, plus rapide que les flèches qu’on lui lance, il descend le talus qui conduit à la ville. On veut lui barrer le passage, mais il fauche les têtes et les membres autour de lui. La terreur est telle parmi les assiégés que plusieurs se précipitent du haut des murailles dans les fossés. Gou-So-Gol a atteint une des portes de la ville ; il s’est frayé jusqu’à elle un chemin sanglant. On s’agenouille sur son passage en demandant grâce ; il renverse les