Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/250

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— Est-ce qu’une telle audace peut exister, ô gloire unique ? Cet homme n’est-il pas le héros d’une fable ? Mais s’il a jamais été vivant, il doit être mort.

— Cependant le bruit courait, il y a peu de mois, que le rebelle, à la tête d’une armée de voleurs, avait mis le siège devant Hang-Tcheou, dans le Tche-Kiang ?

— Ô unique Sublimité ! comment cela se pourrait-il ? D’ailleurs si cela, seul un instant, a été, le gouverneur du Tche-Kiang a dû chasser les rebelles comme l’eût fait de son souffle le Dragon lui-même.

— Et le poète Ko-Li-Tsin qui avait réussi à s’évader de la prison où il attendait une mort méritée ?

— Il a été bientôt ramené dans le cachot où ta clémence le laisse vivre, ô Pacifique !

— Ainsi, dit Kang-Shi glorieux, l’Empire est tranquille et satisfait ?

— Comment, sous ta miséricorde et sous ta justice, ne serait-il pas satisfait ?

— Sans manquer à mes devoirs de père et de mère du peuple, je puis aller chasser pendant quelques journées dans les Montagnes Fleuries ?

— Maître du Ciel, tu peux t’absenter sans inconvénient.

— C’est bien, dit Kang-Shi ; je partirai dans une heure.

Alors il commanda au Chef des Eunuques de faire tout préparer pour le départ ; puis joyeux en pensant qu’il allait se livrer à sa noble passion pour la