guerrier qui pariait des liangs d’or au jeu de la mourre. Le Maître est parti ; nous n’avons pas d’ordres.
— Vous en aurez bientôt, dit l’homme en s’éloignant.
La Ville Jaune était absolument déserte ; tous les nobles, les riches et les dignitaires, pleins d’épouvante, se cachaient dans leurs palais et s’y fortifiaient. Quelques Tao-Sées seulement apparaissaient en groupes et s’entretenaient d’un air sournois.
Le religieux atteignit la porte méridionale de la Ville Rouge et demanda passage.
— Personne n’entre, dit la sentinelle.
— Comment, tête de bœuf, je n’entre pas ?
— Personne n’entre, répéta le soldat.
— Mais moi, misérable ? cria le religieux en secouant rudement la sentinelle.
— Ni toi ni aucun homme ; et si tu continues à me secouer je te passe ma pique au travers du ventre.
Le religieux devient blême.
— Quoi ! dit-il d’une voix sourde, ici même tout est donc perdu ! Oh ! j’entrerai pourtant ! cria-t-il.
— Tu es décidément fou, vil mendiant. Depuis quand les gueux entrent-ils dans la Ville Sacrée ?
— C’est vrai ! dit le religieux avec un éclair de joie dans les yeux.
Et il arracha l’affreuse loque qui le couvrait.
— L’empereur ! s’écria la sentinelle en tombant la face contre terre.
— Allons ! ouvre vite, dit Kang-Shi.