Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/319

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Ko-Li-Tsin était atterré.

— Morte ! dit-il. Yu-Tchin est morte ! Yo-Men-Li est morte ! La bataille est perdue ! Ta-Kiang est prisonnier ! Toute la tendresse, toute la grâce, toute la force, perdues ! La cigogne dévouée a refermé ses ailes, l’hirondelle a clos ses beaux yeux farouches, le Dragon est tombé dans un piège d’enfant ; et le poète Ko-Li-Tsin sent son cœur ruisseler par une triple blessure.

Il baissa la tête et ses larmes tombèrent lentement sur le corps de Yu-Tchin.

Mais bientôt de nombreux Tartares se précipitèrent dans la ruelle.

— Le voici ! le voici ! criaient-ils.

Et ils se jetèrent sur lui pour le lier. Ko-Li-Tsin, avec respect, déposa sur une dalle blanche le cadavre de son amie, puis il se laissa attacher les mains, et, jetant un dernier regard à Yu-Tchin :

— Du moins, en mourant, tu m’as vu libre encore ! dit-il.