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CHAPITRE XXVIII


KANG-SHI


Ne force pas à devenir ton juge l’empereur ton père.


Dans la salle de la Paix Lumineuse, Kang-Shi siégeait sur son trône. De la main droite il dirigeait vers sa poitrine la pointe aiguë d’un sabre, car il avait résolu de s’arracher la vie quand tout espoir se serait évanoui ! mais il portait dans sa main gauche le sceptre de jade, afin d’apparaître aux vainqueurs redoutable quoique mort, et pour que son bras, bras de cadavre, brandit encore la force et le commandement.

Kang-Shi avait alors quarante ans. Depuis quinze ans déjà il régnait. Les Pou-Sahs lui avaient donné la taille haute et ample qui convient au maître d’une nation, et le visage bon qui sied au père d’un peuple. Un front uni, à peine bombé, des yeux longs et étroits d’où tombaient des clémences, un nez large, écrasé, des joues épanouies en plis nombreux, for-