Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

travers les balustrades à jour des terrasses, par les yeux perçants de la méfiance vigilante, choisirent, pour entrer dans la ville, la galerie centrale du bastion qui faisait face à leur arrivée. C’était celle qu’on nomme la Porte qui Salue le Sud.

— Arrêtez ! cria une sentinelle.

Ils firent halte.

— Qui êtes-vous ?

Ko-Li-Tsin répondit :

— Ta-Kiang, laboureur ; Yo-Men-Li, vannier ; Ko-Li-Tsin, poète. Le poète, ajouta-t-il, c’est moi.

— D’où venez-vous ?

— Du champ de Chi-Tse-Po.

— Où allez-vous ?

— À Pei-King.

— Passez.

Les aventuriers se hâtèrent vers une longue avenue, nommée Avenue du Centre, qui s’ouvre au delà de la Porte qui Salue le Sud et traverse la Cité Chinoise, la première des quatre cités dont se compose la Capitale du Nord. Ta-Kiang était en tête. Il entra fièrement dans Pei-King. Il n’avait pas parlé depuis trois jours. Il dressa le front, et dit :

— Il me semble que j’ai conquis cette ville.

L’Avenue du Centre, qui s’éloigne large et directe, est pavée de grandes dalles, disjointes et effondrées, que les roues des lourds chariots défoncent et brisent de plus en plus et dont les ornières et les gouffres infligent de bien cruels cahots à ceux qui passent en voiture.

Après quelques corps de garde et des postes de