Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/44

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s’élève la Maison de Justice. La pagode illustre où les fils et les frères de l’empereur subissent les épreuves littéraires s’enorgueillit de deux pavillons magnifiques aux colonnes en bois de teck, aux portes de cinabre ; le long de leurs murs, autour de leurs piliers, sous leurs arceaux de bois sculpté, peint ou doré, rampent, grimacent, combattent de fantastiques animaux aux gueules béantes, aux croupes hérissées, aux minces cous tortueux, et sur le faîte aigu et argenté de l’un des pavillons s’érige démesurément le terrible dragon Impérial. Vaste et désert, le Parc Occidental prolonge les houles noires de ses arbres centenaires, où montent les fraîcheurs des grands ruisseaux tortueux et des lacs artificiels. La Pagode de Yuan-Fei est petite, mais glorieuse ; elle voit chaque année l’épouse auguste du Fils du Ciel offrir des sacrifices à l’ingénieuse femme qui découvrit le ver à soie. Succession interminable de bâtiments carrés et de cours spacieuses, un couvent bouddhique dresse, à son centre, un superbe édifice de marbre blanc, qui contraste gravement avec le marbre noir d’une majestueuse colonnade circulaire où, dans les intervalles des piliers, de petites chapelles contiennent des statues dorées de divinités à cent bras ou à têtes d’animaux. Enfin Koang-Ming-Tien, la pagode impériale, située dans la partie méridionale de la Cité Jaune, apparaît triomphalement, au milieu d’un grand parc solitaire : deux kiosques légers surmontent sa noble porte ; entre mille branches enlacées, étincellent la laque rouge de ses murs et le lapis--