Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/71

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barrière d’une ruelle transversale, et se glissa le long des murs, cherchant l’ombre.

La ronde de police marchait en faisant cliqueter ses claque-bois, et la clarté dénonciatrice des lanternes fouillait au loin l’obscurité.

— Je suis pris ! pensait Ko-Li-Tsin.

Les veilleurs aperçurent le cheval et l’entourèrent en agitant leurs bras levés.

— Ceci me fait gagner un peu de temps. Je perds mon cheval, mais le bambou me perd. Le dos de l’animal connaîtra peut-être de lourds cavaliers, mais le mien ignorera toujours le poids du bambou noueux.

Ko-Li-Tsin rencontra l’encoignure d’une grande porte et s’y blottit ; mais, par un mauvais hasard, la porte était mal close ; et, en s’appuyant sur elle, il tomba en arrière, dans une posture peu compatible avec sa dignité.

— Voici une façon d’entrer tout à fait contraire aux rites, dit-il, mais je sortirai avec politesse lorsque cette maudite ronde sera loin.

Le poète se trouvait dans un jardin élégant ; il aperçut au milieu d’arbustes plusieurs bâtiments larges et bas ; à quelques pas de lui se dressait le kiosque du portier.

Cependant la ronde se rapprochait ; elle passa devant la porte. Ko-Li-Tsin allait pousser un soupir de soulagement, lorsque le marteau de bronze résonna brusquement.

— Tien-Hou ! dit Ko-Li-Tsin, ils m’ont vu entrer. Comment prouver que je ne suis pas un voleur ?