Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/99

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tées dans les blocs de jade pur. On voit Ouen-Tchang, le Pou-Sah des poètes, à côté de Lei-Kong, le roi du Tonnerre, Tien-Nong, qui donne le ciel pur et la mer calme, entre Koan-Ti, le furieux guerrier, et la douce Miao-Chen, déesse miséricordieuse qui fit pleuvoir des lotus sur les ténébreux enfers, brisa les instruments de torture, et laissa les criminels s’élever vers les Célestes Nuages. Non loin de monstres renversés, qui sont les Ye-Kiuns, Génies du Mal, apparaissent des symboles sacrés. Un globe d’or et un globe de cristal sur un rocher d’ébène représentent le Ying et le Yang, les deux principes générateurs sortant du chaos primitif : l’eau émane du Ying, principe femelle et passif, et la lune est la pure essence de l’eau ; le soleil, qui est le feu, naît du Yang, principe mâle et actif, et tous les astres sont issus du soleil et de la lune. Sur un tableau de jade que porte le dragon Long-Ma on lit les huit Kouas qui sont les signes des éléments. Puis s’alignent, taillés dans des pierres dures, les philosophes, les poètes, les guerriers célèbres. Voici Pan-Kou, l’homme primordial : produit sublime du Yang et du Ying, géant merveilleux composé de force, de génie, de fécondité, il sculpte le monde durant dix-huit mille ans ; des animaux fabuleux l’assistent dans sa rude tâche ; le phénix Fong-Hoang, pareil au cygne sauvage, ayant la gorge d’une hirondelle, la queue d’un poisson et la tête couronnée d’une aigrette de cinq couleurs, le console et l’encourage ; l’unicorne Ki-Lin, au corps de cerf, l’aide de sa force, le