Page:Gautier - Le Dragon Impérial, Armand Colin et Cie, 1893.djvu/98

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grand costume de gala, et le spectacle qu’ils offrent est magnifique.

Une immense galerie suit les quatre façades de la cour, qu’on peut traverser à l’abri du grand soleil ; et derrière de fins treillis de laque rouge de longues salles s’appuient sur la galerie. Elles sont closes de grands cadres d’ébène doré, où s’enchâssent des plaques de corne transparente, et protégées par un large toit verni d’or. Dans ces salles s’amoncèlent depuis des siècles les richesses des empereurs. Surchargeant de hautes tables d’albâtre adossées aux murailles, des coffrets de jade vert, merveilles de sculpture, s’entr’ouvrent et laissent déborder des perles de Tartarie qui se répandent sur des nappes de satin pourpre, comme de grosses gouttes de lait ; dans des tasses d’or mat, ainsi qu’une liqueur lumineuse, ont été versés à pleins bords les plus purs diamants ; les rubis saignent dans des coupes d’ivoire ; les sombres saphirs luisent sourdement au fond de jonques en cristal clair ; l’ambre fauve jette des rayons chauds ; les pâles améthystes se mirent dans la limpidité des larges émeraudes, tandis que les colliers de rubis rose ondulent comme de gracieuses couleuvres, que les bracelets s’entrelacent, pareils à de longues chaînes, que les agrafes de topaze bouclent des ceintures en plumes de faisan, et que les aigrettes d’opale tremblent sur des calottes de brocart. Ces salles se suivent, interminables et encombrées de miracles. Aux dieux d’or, accroupis dans leurs niches pavées de turquoises, succèdent les fantastiques idoles sculp-