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Préface

affirmera que notre patrie aussi est belle — et semble plus belle encore, lorsqu’on la compare.

N’oublions pas que, parce qu’elle est belle et riche, la patrie française est, pour d’autres hommes, un objet de rêve et parfois de mauvaise envie. Un des fruits les plus savoureux des beaux voyages est l’estime nouvelle, l’amour renouvelé qu’ils nous inspirent à l’heure du retour, pour les mérites, pour les beautés de la terre française, pour « l’enchantement du ciel de France. »

Dès que le Français s’est éloigné un temps de notre mère-patrie, il s’aperçoit mieux que jamais qu’elle a des vertus et des charmes incomparables. Plus qu’ailleurs, en France, l’homme trouve sécurité et liberté, on ne sait quelle façon d’aimer les autres hommes, que tout l’univers connaît bien — et qui fait dire quelquefois aux gitanes, ces sans-patrie : « C’est encore en France qu’on est le plus libre, et le moins malheureux. »

Ceci est le mot authentique d’un bohémien dont le voyage fut la vie même.

JEAN AICARD

Saint-Raphaël,

Août 1911