à des crimes légendaires, qui jadis, peut-être auraient mérité des éloges.
Témoin cet acte d’héroïsme dont nos journaux se sont faits l’écho et qui, pour nous autres occidentaux, n’est ni plus ni moins qu’un crime.
Est-il assez japonais, ce crime.
Un pauvre et naïf paysan, nommé Kono-Guihei, conte ses peines à des amis :
— Ma vieille mère souffre d’un mal d’yeux qui ne veut pas guérir. La voici presque aveugle. J’ai tout essayé pour la soulager, rien ne réussit. Il n’y a plus de remède, et je me dessèche de chagrin.
— Comment pouvez-vous dire cela ? s’écrie un ancêtre, un laboureur qui passe pour en savoir long ; il y a un remède infaillible. Il est assez difficile à employer c’est vrai, dangereux même, mais rien n’est impossible à la piété filiale.
— Je suis décidé à tout, répond le fils ; quel est ce remède ?
— Il faut faire manger à votre mère un foie humain.
Le doute n’effleure même pas l’esprit du jeune paysan. Pour lui, sa mère est déjà guérie. Mais où se procurer un foie humain, sans nuire à des étrangers ? Se tuer lui-même ? Il y songe ; mais il juge qu’il ne le doit pas : ce serait réduire sa famille à la misère, en la privant de son soutien. Alors que faire ? Eh bien ! il tuera sa fille, sa mignonne Matsoué, si jolie. Il essaye, le malheureux : il prend un couteau pour égorger son enfant ; mais si l’amour filial est grand