Page:Gautier - Le Japon (merveilleuses histoires), 1912.djvu/46

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mêlent à leur brillant étalage des armes rares, des casques, des armures toutes montées, qui prennent l’aspect étrange d’insectes géants.

À chaque moment, passent des bandes de jeunes garçons, portant sur leur épaule un grand sabre de bois laqué. De larges lames, semblables, en carton argenté, recourbées d’une façon bizarre, sont plantées de loin en loin, dans le sol, par les hampes auxquelles elles sont fixées. Ces glaives, que les enfants saluent en passant, figurent l’arme de Sioki, le héros chéri du peuple dont l’image se répète dans toutes sortes d’attitudes, sur des milliers de bannières.

Le bruit des pas nombreux, froissant le sol, forme un susurrement continu pareil à celui d’une cascade, et sur cette basse se détachent les rires, les chants, le gai tumulte de la foule.


les jardins

Ce sont des endroits féeriques, dont le dessin ne diffère pas trop de nos jardins européens, mais où la science des couleurs atteint un raffinement extrême, source de délices pour les yeux.

Nous voyons des arbres magnifiques, cèdres, palmiers et bambous. Et puis, tout d’un coup, les mêmes essences en miniatures : cèdres, pins et palmiers, mais qui tiendraient dans une potiche, à côté des arbres fruitiers qui, au printemps, se couvrent de neige blanche ou rosée : citronniers, pêchers, cerisiers. Et