Page:Gautier - Le Roman de la momie, Fasquelle, 1899.djvu/124

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plusieurs fois autour du buste et le serraient étroitement ; les manches, coupées à la hauteur du biceps et bordées de lignes transversales d’or, de rouge et de bleu, laissaient voir des bras ronds et forts, dont le gauche était garni d’un large poignet de métal destiné à amortir le frôlement de la corde lorsque le Pharaon décochait une flèche de son arc triangulaire, et dont le droit, orné d’un bracelet composé d’un serpent enroulé plusieurs fois sur lui-même, tenait un long sceptre d’or terminé par un bouton de lotus. Le reste du corps était enveloppé d’une draperie du plus fin lin à plis multipliés, arrêtée aux hanches par une ceinture imbriquée de plaquettes en émail et en or. Entre la brassière et la ceinture, le torse apparaissait luisant et poli comme le granit rose travaillé par un ouvrier habile. Des sandales à pointes recourbées, pareilles à des patins, chaussaient ses pieds étroits et longs, rapprochés l’un de l’autre comme les pieds des dieux sur les murailles des temples.

Sa figure lisse, imberbe, aux grands traits purs, qu’il ne semblait au pouvoir d’aucune émotion humaine de déranger et que le sang de la vie vulgaire ne colorait pas, avec sa pâleur morte, ses lèvres scellées, ses yeux énormes, agrandis de li-